médecine pudique

Hier je suis allée chez le médecin, pour vérifier ma santé. Aux États-Unis. Une expérience au mieux cocasse, au pire insatisfaisante et honteuse.

Salle d'attente un peu miteuse, avec un écran géant qui m'abreuve de messages alarmistes et positifs: - la belle histoire d'une petite fille manchote abandonnée à la naissance devenue danseuse de ballet - les signes avant-coureurs d'une crise cardiaque - la crise cardiaque peut TOUCHER N'IMPORTE QUI - l'hypertension artérielle touche plein d'américains, et peu d'entre-eux le savent Le tout entrecoupé de publicités pour le nouveau sandwich d'une chaîne de restauration rapide qui participe sans aucun doute à gonfler les chiffres dont je suis inondée depuis quelques minutes.

Je peux ceci dit me changer les idées en lisant les nombreuses brochures publicitaires et les messages informatifs punaisés sur les murs. Il y en a un particulièrement troublant qui m'avertit que pour le bon fonctionnement du cabinet médical et pour ne pas créer de bouchons dans la salle d'attente, le patient ne peut présenter que deux questions au médecin. Si par malchance il a par exemple un grain de beauté douteux, des varices et de l'eczema il devra choisir lesquels il montre au médecin....

Bon bon bon ...

Vient l'examen, comme je suis une femme, il comprend une palpation des seins pour dépister une éventuel grosseur et un examen gynécologique. Quand le médecin m'indique que c'est le moment, je commence à soulever mon tee-shirt. ... Horreur dans ses yeux. Moment de recul. Presque un cri. J'ai fait une connerie.

Apparemment un examen gynécologique suit des règles bien précises ici. On ne se déshabille pas devant le médecin et le médecin ne doit surtout pas voir un bout de sein. Donc le médecin doit quitter la salle pour laisser la patiente se déshabiller, revêtir une chemise en papier jetable, s'allonger sur le fauteuil et poser une serviette en papier jetable sur le pubis ... Résultat j'étais plus couverte pour mon examen intime que lorsque je suis arrivée dans le cabinet et le début d'attentat à la pudeur que je venais de commettre avait définitivement rendu le docteur distant et désagréable.

Pour examiner ma poitrine, le médecin a dû ensuite glisser ses mains dans les manches de la chemise. Pour le coup on a vraiment l'impression de se faire tripoter par des mains malhabiles ... Ridicule de la situation où le médecin dépiste à l'aveugle ... L'examen terminé, le docteur s'adresse à moi comme si j'étais stupide, et me répète trois fois et lentement que je dois attendre qu'il ne soit plus dans la salle pour me rhabiller ...

Une visite médicale dans un état conservateur ...

C'est à se taper la tête contre les murs si même les médecins demandent à leur patientes de ne pas montrer leur poitrine lors d'une palpation des seins ... Il faut vraiment avoir un problème avec le corps des femmes pour sexualiser un geste médical banal. C'est tout de même inquiétant

Commentaires

1. Le mercredi 7 juin 2017, 13:57 par George Croupard

On peut évoquer une pudibonderie sociétale qui serait une réaction à l'obsession sociétale pour le Q. Une phobie du Q qui tel un mauvais cache-sexe cacherait mal l'obsession du sexe.
Mais il serait peut-être aussi judicieux d'évoquer, aux côtés du sexe, et même entretenant des rapports de maître à esclave avec celui-ci, ou bien des rapports de codétenus ou de narcotraficants dont l'un est plus costaud, plus invisible, plus pervers, infiniment plus pervers que le sexe quand le sexe prend les chemins de la perversion : l'argent.
L'argent qui menace le praticien sous la forme du procès, dans une société où peut-être plus qu'en France les rapports entre les individus sont régis par l'argent, sa profusion ou son manque.
La peur du praticien de finir dans une cellule en relation étroite avec son codétenu l'enfant cadet de la pauvreté et de la perversion, du manque d'argent et du manque de sexe.

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