mercredi 11 octobre 2017

Vie et mort d'un ballon

(jeu : trouver où se cache le goguenard)

dimanche 25 décembre 2016

Artisanat

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dimanche 11 décembre 2016

voter

Ce sont mes parents, honnêtes jusqu'à l'oubli de soi, volés tous les jours par des plus riches et plus puissants qu'eux, qui ont pourtant relayé auprès de moi le mot d'ordre de leurs détrousseurs : voler est indigne.

Ce sont mes parents, revenant chaque jour assommés d'un travail déformant et humiliant, qui ont relayé auprès de moi le mantra de leurs patrons : le travail est une source de fierté.

Ce sont eux également, qui faisaient briller à mes yeux l'éclat du suffrage universel, au nom de leur participation à une victoire historique pour laquelle tant de luttes violentes s'étaient déroulées. Ils ont voté à chaque fois, opiniâtrement, pour être tenus à l'écart de l'organisation de leur vie. J'ai longtemps moi-même cédé à ce chantage et voté, revoté, jusqu'à devenir fou des contradictions où ça m'entrainait.

Je n'ai jamais travaillé. Je n'ai jamais eu la moindre considération pour l'ordre, le travail, la loi, la police, l'argent, le pouvoir même et surtout le pouvoir que je pourrais exercer sur quiconque. Je n'y ai vu que différentes formes de brutalité dans l'exercice continu de la machine de mort qui empoisonnait mes parents et qui oeuvrait déjà à empoisonner la mienne. J'ai vu avec clarté, autour de l'âge de 12 ou 13 ans, la mort qui m'attendait. Ce fut bien plus saisissant, terrible et beau qu'une révélation mystique. Il n'y a aucune forme de vérité plus puissante que celle-là et plus susceptible de donner un sens à toutes vos actions : ne jamais laisser rien ni personne accélérer votre pas vers la mort. Il n'y a pas une heure de sa vie qui mérite d'être sacrifiée pour quelque chose d'aussi futile qu'une nation. Il est futile de se demander si Lepen ou Hollande sont plus dignes de diriger nos vies et de prétendre à nous représenter: ils sont tous les deux les codirecteurs d'une entreprise de démolition de notre quotidien. Faisons la grève. Nous n'avons aucune raison de nous associer au plan de carrière d'une poignée de voleurs qui défendent leur butin et leurs règles de voyous en armant une police d'assassins. Nous avons mieux à faire, chaque jour, en creusant l'écart qui nous éloignera d'eux. Cet écart, nous pouvons l'appeler la vie.

mercredi 7 décembre 2016

y aller ou pas

 
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mardi 6 décembre 2016

travailler pour

Maman, je vois que tu continues à t'inquiéter parce que je suis, selon tes propres critères, sans travail.
Disons plutot que je suis sans salaire. Je ne veux pas pleurer tout ce que j'aurais dû faire au moment où mes forces physiques m'auront abandonné pour le faire.
Intégrer la vie à un plan raisonnable est la première opération de la déraison :
remettre à plus tard quand plus tard n'est pas incertain mais chimérique, travailler dans l'indignité dans l'attente d'un moment digne, comme s'il y avait des périodes de translucidité au cours desquelles on puisse se donner au moins vivre dans le calcul différé d'un plus vivre à venir.
Mais il n'y a pas de plus vivre ou de moins vivre. Une minute passée à la production de services inutiles ou nuisibles pour un quelconque prédateur à tête d'homme, une minute passée dans la colère à crier sur des amis parce que tout nous échappe, une minute hébétée par la fièvre roulée dans des draps brûlants, une minute donnée aux discussions stratégiques sans autre désir que leur fin, une minute de joie intense à penser et vivre sa propre combustion font toutes soixante secondes de vraie vie.
Tout ceci n'est en aucun cas une leçon d'existence (une leçon aussi générale est l'exact opposé de ce que j'essaie de te dire), mais se destine à éclairer les raisons pour lesquelles je n'ai pas une minute à donner à tout ce qui, sous une forme ou une autre, vise à éduquer, contraindre, raisonner, temporiser, socialiser, différer la mienne.
Voici toutes les formes de travail auxquelles je ne veux pas me livrer :
Travailler pour acheter des vêtements dont le chic jetable n'est rendu nécessaire que par la parade du travail et de son piteux corollaire, la réussite sociale.
Travailler pour acheter la quantité de babioles dont seules la tristesse et le sentiment de vide provoqués par le travail appellent san relâche l'acquisition.
Travailler pour acheter des formes abaissées de nourritures qui se mangent plus vite que celles dont le travail seul nous prive.
Travailler pour payer les transports qui conduisent au travail. Travailler pour se payer les vacances dont le seul sens est de faire, un instant, oublier le travail.
Travailler pour payer d'autres travailleurs à réparer un environnement toujours plus disloqué que le travail empêche d'apprendre à réparer soi-même.
Travailler pour briller devant des imbéciles que l'on est conduit à ne fréquenter qu'à cause du travail.
Travailler pour occuper une vie qu'on a pas eu le temps d'apprendre à occuper sans angoisse à cause du travail.
Travailler pour payer les narcotiques qui nous aident à supporter le travail.
Travailler pour accompagner ses enfants, lentement, vers le travail.

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