Même pas en rêve !

"Même pas en rêve ! " ironise le sommeil !
Je négocie depuis des heures avec ce criminel.


J'envie ceux qui ont accepté de faire sans et même ceux qui l'ont troqué contre une version artificielle. Les insomniaques, les médicamenteux Les cosaques, les miséreux...
Moi, je suis à deux doigts de tenter l'impossible, désarmer le bougre à mains nues, l'envoyer au fond du lit, le plaquer sous l'oreiller, raide, le tordre dans le nœud du mouchoir et l'oublier ! 
Au lieu de cela, je calcule, j'évalue la distance avec la sortie de nuit puis j'extrapole..j'imagine qu'il y a peut-être dans ce sas la possibilité d'une vie trépidante en infra rouge, une carrière du dessous de la couette, une vie dans les coulisses, des coulisses plus excitantes que la pièce elle-même.. 

Je débloque, je m'agite, je cogite.. et le bandit en face se frotte les doigts, sûr de son coup, " tu ne dormiras pas mon coco c'est moi qui te le dit " ricane dans sa barbe ce petit patron arrogant..petit patron d'une bande de voleurs à la sauvette, d'une organisation criminelle d'envergure raflant tout sur leur passage, tes projets de grandes évasions paradoxales comme les petits sommes que tu as peu à peu tenté d'économiser..en passant par tes grands plans d'assoupissement..aucun scrupule, aucune pitié tout est bon pour t'empêcher de dormir, c'est à vivre debout, à tomber de fatigue sans bras, sans Morphée, juste le vertige, la longue chute et le bruit du sol dur..
 
J'ai l'éveil en plomb on dirait et c'est pas les plumes de mon oreiller qui allègeront la dette que j'aurai accumulé au petit matin...le bandit, le salaud qui sourit, il a déjà vendu mon corps las à la science, la science occulte mais exacte, celle qui élucidera demain mon prodigieux manque d'entrain, ma panne de réveil ou mon train de retard! 
Je suis fichu, autant fermer les yeux, fuir dans l'aveugle obscurité, faire la sourde oreille, se bercer d'illusion, imaginer qu'après tout je pourrais vivre heureux sans dormir, sans dormir, s'endormir, s'endormir..

Commentaires

1. Le jeudi 17 octobre 2024, 00:08 par Clément

Tout cela évoque … un rêve. Es-tu sûr(e) de ne pas avoir déjà gagné, Pêcheur Sentinelle?

Ou alors, ou alors…

Ce gredin de sommeil vient te narguer dans ton sommeil

2. Le jeudi 17 octobre 2024, 10:23 par Insomnie en littérature

"Mais, mais, l'insomniaque, c'est moi !"
Apocryphe de Pierre Guillaume, parodiant une nuit de pleine lune un apocryphe de Flaubert.

3. Le jeudi 17 octobre 2024, 10:26 par Marie Darrieussecq

Une histoire à dormir debout, Pêcheur. Bravo.

4. Le jeudi 17 octobre 2024, 10:33 par Pointilleux

Mais alors, que cache cette étrange utilisation du deux points à la place du trois points? Est ce une réluctance de l'auteur a être affilié à la poésie Franc-Maçonnique, ici très présente? Et cet espace perdu après les deux points? Une urgence? Une apnée, un songe castré?
Merci pour ces questions,
Cordialement,
P. Tilleux

5. Le jeudi 17 octobre 2024, 13:11 par Droit de réponse

Mon hypothèse est que le point est l’élément du magma, et la concaténation est une opération idempotente.

C’est à dire que ({.}, ) est un magma (avec « » la concaténation, symbole généralement omis), avec . ++ . = . (Intuitivement, terminer une phrase deux fois revient à la terminer une fois).

Donc, si on ajoute l’élément « … » au magma, on se retrouve à devoir ajouter « .. » également: … ++ . = ..

6. Le samedi 16 novembre 2024, 06:27 par Clément

Ça alors! J’ai vraiment cru l’espace d’un instant qu’il s’agissait de AF 127 par Microfilm. Ce doit être les mains.

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