Les voeux vibrants du DIrecteur, par Albert Thiry
Par nom de pays le vendredi 21 février 2014, 11:01 - Correspondons - Lien permanent
Ce vendredi à l'heure du goûter, c'est un Directeur de micr0lab-offshore visiblement fatigué qui est apparu au-dessus des observateurs placés en rang d'oignons. Le visage blême perçant sous un bronzage hésitant, les traits tirés à quatre épingles, un solide roc en guise de glotte, il a présenté "avec trois semaines de vacances de retard (...) les voeux les plus sincères qu'[il ait] en magasin."
Il aura ensuite fallu attendre une bonne heure et demi d'un silence digestif, avant que l'olympique journaliste Eustache ne parvienne à percer le rideau de bambou et d'hommes armés en civil qui avait été disposé autour du Directeur afin d'assurer sa sécurité. Après avoir été maîtrisé par les balles, le Fouille-merdre officiel et déjà regretté du Parti n'a pas failli à sa réputation en articulant un début de question en dépit même de la mort.
__ "Quid du bilan..."__
Le plus simplement du monde, le Directeur se fit alors l'écho sonore de la question, les yeux perdus dans le fond vert qui lui faisait face : "Eh oui, quid du bilan...", suivi d'un flot fiévreux de murmures -inaudibles pour la plupart. Les observateurs, quant à eux, tâchaient de faire turbiner leurs neurones-miroirs, tantôt remuant les lèvres, tantôt imitant les fugaces expressions faciales du Directeur. Ainsi l'on devinait la joie, l'inquiétude, la joie encore, la colère, la faim, l'excitation, les hémorroïdes, les hémorroïdes encore du Directeur.
Ainsi l'on traduisait sans effort aucun son optimisme sans borne, lesté fort heureusement d'un fatalisme jamais feint. Et l'on entrevoyait dans un rictus plein de lumière le futur radieux de micr0lab, dont il n'était pas permis de douter. Un futur où les différences s'égaliseraient toutes, où toutes les guerres seraient gagnées, où les paradis fiscaux s'ouvriraient à tous dans la limite des places disponibles, car "l'argent, l'argent oui, est notre bien le plus précieux".
Dégouttante de sueur, l'image du Directeur s'effaça avec extrême lenteur, nous laissant tous, observateurs comme simples chalands, plonger au fond d'une solitude sans Nom. On en vit pleurer pour moins que ça.
Nous sommes tous les actionnaires de micr0lab. Nous sommes tous les exploités de micr0lab.
Longue vie à micr0lab !
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