dans la valise de Pégé

Un autre obscur passeur du grand homme, nègre ou membre de la commune d'écriture Pierre Guillaume selon la motion choisie, me signale et me rappelle l'un des nombreux projets qu'icelui nous avait naguère pneumatiquement adressé, projet qui, et n'est-ce pas là le propre de l'universel Génie, entre en écho avec la toujours navrante actualité.

une pièce-maîtresse des œuvres dramatiques/radiophoniques de Pierre Guillaume. Une opérette cauchemardesque, écrite pour la radio, sur les affres de la colonisation et de la décolonisation. Dialogue de quatre décapités. Les têtes du marabout et du cheik de la tribu d'El ouffia, et celles d'un randonneur champenois et de son guide, un écrivain-voyageur franco-algérien, lointain descendant du docteur Bonnafont. Elles évoquent leur absurde martyr, leurs rêves découpés dans l'outre-monde et ceux de leurs tortionnaires, essaient sans succès de débattre comme s'ils participaient à une Grande Table par-delà la mort et les siècles. Cruauté et bêtise font cailler les rêves de la civilisation. Le lait a tourné, il est grand temps que la page humaine le soit aussi. Une opérette sur la vanité et la souhaitable fin des affaires hômaines, sur l'absence de Grand Opérateur, sur la vanité et la grandeur de la radio comme meilleure manière de figurer l'outre-monde. Plus modestement, cette opérette pourrait figurer les débats, chez le duc de Rovigo, entre le dr Bonnafont et le sous-intendant de Fallois, puis l'expérience sur les têtes du marabout et du cheik, et c'est à partir de l'expérience que l'opérette basculerait dans le fantastique et le cauchemar, les têtes initiant avec la science bourgeoise et les colons un débat autrement féroce, depuis l'outre-monde auquel un instrument inconnu d'eux, la radio, donnerait seul l'accès après cessation complète des affaires hômaines. On aurait donc, au début, une opérette très XIXème, bourgeoise, en costumes d'époque, instruite sur le plan historique. Cette opérette basculerait ensuite vers une pièce radiophonique émise depuis la fin du monde, où les voix des décapités s’entremêlent dans une féroce confusion et se consument dans le silence et les larmes d'un dieu absent.

Commentaires

1. Le mercredi 21 octobre 2020, 02:32 par tcrxt

Attendez, vous m'avez perdu : de quel type de colons parlez-vous ? "Pour chier, tintin", comme elles diraient vers la minute treize suivi de quelques quarantes secondes dans _Ivre mort pour la patrie_ (https://vimeo.com/228192151).

Des décapités et des colons, il y en a eu d'autres, et il y en aura d'autres, tiens. Le tout est de savoir les recoller.

2. Le mercredi 21 octobre 2020, 11:40 par neg

Exactlich cher mister TxT, une longue histoire sans queue ni tete que celle de cet étron-monde.
Je ne crois d'ailleurs pas que l'intention du grand homme, s'il en fût, fût d'édifier qui que ce fût.
Certainement comme chacune de ses oeuvres une simple boutade faite de boutures bibliographiques et de marottes métaphysiques.
¡A vos plumes!

https://www.persee.fr/doc/bmsap_030...

et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/b...

3. Le jeudi 22 octobre 2020, 04:34 par Gervais (de Caen)

Ah, terrible arabe imbu de fatalisme, il rigole moins quand on propose un moyen définitif de trancher la question (rien de plus facile) !

Putain, le coup du porte-voix est tout à fait incroyable.

Merci aussi aux sacrifice des dindons d’Eugène Sue, les démarches presque officielles sont reconnaissantes.

Ce texte est un véritable bijou.

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