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mardi 8 août 2017

Arduinna Silva, ou Le bouillon jusqu'à la lie

L'idée semblait de rechercher des traces de la supériorité belge, tant en matière de culture que de conquêtes. Ils concentrèrent spécialement leurs recherches sur la question brulante de ce qu'ils apellèrent, dans leurs récits tardifs, la "littéralité belge".

"Quel époustouflant bon sens !" "Merveilleuse belgique !"

"Il y eu 3 belgiques, et pourquoi pas 5?"

"... dans la forêt profonde chantée par Jules Salade, où l'homme n'est rien ou si peu, les rapaces restent ici indomptés. Qui de l'homme, du cochon ou du sapin mène la danse? Qui sait?"

"Tant les corpuscules sont minuscules, Que les groupuscules me bousculent", fit Pimprenel à ses amis.

"Tout cela me laisse comtoise", répondit Silvesstre.

Violonusse n'en pouvait plus de toute cette superfétatoire odeur de gras de bœuf lyophilisé. "Peu m'en chaut", et elle se rabatit sur la pêche au thon, sans thon mais avec double pêche.

"Adolphe Sax, Geoffrey de Bouillon et Lépolod II ont en commun d'avoir su développer d'intéressants monopoles ; ce sont sans aucun doute les Plus Grands Hommes Belges que la terre n'ait jamais porté", fit Louaque, en amateur éclairé d'histoire. Ce a quoi ne purent qu'opinel ses amis et compagnons.

Epilogue du désastre touristique et tout-le-reste :

S'étant trompé de vallée confondue dans la géographie, ils ne purent Dinant-Namur et furent obligés de partager leur table avec des étrangers, qui n'étaient autres qu'eux même. La bière fût ainsi posée sur le banc du devoir, ils firent leur devoir et burent la bière en riant, puis pissèrent la bière sur la statue du maréchal victorieux. "Que faire?" "Attendre". Et ils s'en allèrent en sifflant.

jeudi 22 juin 2017

La fougue pour annuler la fougue - photo-conte mayennais par Pierre Guillaume -

« C'est quand même bizarre ça. Les cahots du moteur puis au calvaire ça repart. C'est quand même bizarre. Je peux pas parler de ça. Au Père. Non des fois il vaut mieux se taire. Ça va me tracasser ça. Ah bonjour ! Qui c'est ceux là ? »

« Ouais je les ai bien vus sur le bout de route dans le virage de la Ribaudière. C'est celui qu'on a fermé pour la voie verte. Avant il y en a eu des morts là. Ils roulaient au ralenti et en rond c'était une heure le soleil tapait le plus dur. Ça a vraiment dû leur tourner la tête. Pour moi c'est un suicide raté. »

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« Je leur ai demandé de laisser leurs sacs à la caisse. Il y en a un des deux le plus rouge, qui a dit quelque chose comme : 'ils vont pas disparaître les sacs ?' Il a dit qu'on lui avait déjà fait ce coup-là. Ils avaient l'air d'y tenir à leurs sacs. Je sais pas ce qu'il y avait dedans. En tous cas quand ils ont eu fini de payer ils partaient sans, j'ai dû les rappeler et on a plaisanté. C'était pas des voleurs c'était plutôt la chaleur. »

« Le mercredi après-midi, on le passe au bord de la rivière, à hauteur de Pendu. Pépouze, quoi. On a failli prendre un silure ou un bétain qui ressemblait à un silure. Thibaut a raconté une histoire qu'il a vue sur Facebook : des années après la guerre ils ont trouvé un silure énorme dans un étang en Pologne, et en ouvrant le bétain les scientifiques sont tombés sur un uniforme nazi. »

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« Faut que je trace jusqu'au pont là je suis loin d'être rentré. Les gars vont m'attendre et j'ai les clefs de la bétonnière. Quelle chaleur. Il dit qu'ils vont cuire sur le chantier. J'espère que M. Béhuart va payer son litre parce que faire une dalle de ce temps... Ils ont dit à la radio qu'il avait pas fait aussi chaud depuis la guerre. Il avait l'air gras leur à l'aïl aux deux gars. C'est bien ce que je me mettrais sous le coude ce soir à l'apéro, ça se picore tout seul ce machin-là. C'est marrant le tout rouge il avait une casquette Footix. Entre ces deux-là et l'Allemand à la base de loisirs qui se goulait sa saucisse au cul du vélo en lisant son gros bouquin, il y a pas à dire qu'ils m'ont mis la dalle j'ai rien pêché mais bon appétit les gars ! Un barbecue sur un vélo j'avais encore pas vu ça. Il y a encore des gars qui savent se mettre bien au bord de la Mayenne. »

« J'aime tant les virées à bicyclette au bord de la Mayenne ! La journée était si chaude, si impitoyable le soleil du solstice que les promeneurs n'étaient pas légion. J'ai néanmoins vu deux jeunes gens arriver qui parlaient fort en roulant. Ils sont descendus sur le troisième ponton et l'un d'eux m'a demandé quelque chose que je n'ai pas saisi mais que j'ai approuvé quand même. Ensuite ils se sont dévêtus et sont entrés dans l'eau, d'abord très hésitants, presque angoissés, même si ensuite ils sont devenus de plus en plus joyeux et enthousiastes, barbotant et plongeant avec frénésie comme des enfants. Il faut bien que se dépense la force de la jeunesse ! Je les ai ensuite observés en train de se prendre en photo. Puis ils ont semblé se lire à haute voix des passages d'un livre dont le titre m'a échappé, on aurait dit des poèmes, et ils ont fini par mettre les voiles après m'avoir salué. Ah, l'énergie de la jeunesse ! Et que le temps passe pourtant... »

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« L'heure est au triomphe des traîtres de tous bords, à la solde de Jupiter ! Jupiter, laissez-moi rire, c'est ainsi qu'on baptise désormais le jeune requin aux dents trop blanches, qui dépèce le cadavre d'un pays déjà trepassé depuis longtemps ! Pauvre France. Cet après-midi, j'ai été interrompu dans mes réflexions par un marmonnement que j'ai d'abord pris pour une mienne hallucination et mis sur le compte de la touffeur qui régnait partout et m'empêchait de respirer. Une litanie obscène se faisait entendre, répétée qui plus est avec l'intonation et la prononciation exacte de cet idiot de François Bayrou qui semblait annonner dans la pièce attenante : Je me branleuh, je me branleuh, je me branleuh. Je commençais à défaillir quand une écoute plus attentive me fit ouvrir en grand la fenêtre. En contrebas de la propriété, sur la rive opposée de la Mayenne, deux jeunes cons tout à fait raccords avec l'ignominie présente se prélassaient sur un ponton, privé par ailleurs. C'est de leurs bouches gâtées que venait la litanie de Bayrou. Je leur criai 'ça suffit, oui !' d'une voix autoritaire qui rebondit dans la vallée. A cet instant, ils ont tourné la tête vers moi et m'ont regardé, pendant un temps qui me parut anormalement long. Puis ils ont tous deux joint leurs mains devant la bouche et ont hurlé ceci : Ped'd'ange'! J'ai très distinctement entendu ce mot qui n'a pourtant aucun sens apparent. Vulgaire et absurde, voilà la France d'aujourd'hui. Des invertis qui se vautrent dans l'ignominie et ne sont pas même capables d'articuler une insulte intelligible ! Ped'd'ange', à quoi ça rime, je vous le demande ? Est-ce un signe de ralliement ? Une injure secrète ? Un infâme pet de tête ? »

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mercredi 21 juin, 15ème jour d'enfer Il est pas possible ce livre. Je me demande vraiment comment il a pu arriver là. C'est comme ci quelqu'un l'avait préparé pour moi. J'ai jamais lu un truc pareil. Un peu comme Baudelaire mais en mieux. Mais surtout je me fais tellement chier dans ce trou pourri que je lirai n'importe quoi mais là j'ai la tête retournée. La chaleur est trop forte j'étouffe. Je crois que je vais faire un malheur si je reste ici. Je deteste ce gros con, je veux qu'il disparaisse. Je déteste Romain et Céline. C'est à cause d'eux que je suis dans cette merde. Maintenant que je me suis fait chopper avec la C, qu'est ce qui va m'arriver? Putain. Je retournerais jamais là bas. Il faudrait que j'écrive. Il faut que je me sorte les idées de la tête, comme ce type. Pas ce journal, autre chose. Parler de moi ça m'aide pas. Mes idées noires autant les retourner contre le monde plutôt les noyer dans la fête. Avec les abrutis du monde entier qui me donnent envie de gerber. Je me dis en regardant ce paysage dans la maison du gros con qu'on va droit dans le mur, il y a vraiment un truc qui cloche, tout le monde fait semblant que ça va mais ça va pas du tout. C'est comme si la société se suicidait. Le mec du bouquin parle de ça. Mais qu'est ce qu'on peut faire? Je veux pas travailler, je veux pas faire des enfants, je veux pas de femme, je veux pas d'argent. Qu'est ce que je peux faire de toute cette énergie dans le ventre et qui me fait faire des conneries? Je déteste ce monde, je veux plus rien avoir à faire avec, je veux qu'il disparaisse dans un putain de trou noir. J'ai pensé un truc comme : il faudrait retourner la force contre la force, pour l'annuler. Plus on est fort, plus l'énergie négative en retour est forte. Je suis sur que les terroristes pensent à ça avant de faire péter des bombes. La force c'est pas le bon mot, il faudrait dire : la fougue. Je me souviens quand j'avais 8 ans et que je commençais, c'était au haras du Pont de Cé, Fripon, que tous les débutants montaient parcequ'il était toujours sage, avait blessé Elise, il l'avait vidé et piétiné volontairement. Ca se voyait que le cheval avait décidé de faire ça. Il était comme investi d'une mission, contre les hommes qui le montent. Est ce que la nature peut être terroriste? Est ce qu'elle ne devrait pas l'être? C'est ce qu'il faut faire maintenant. Il faut de la fougue pour annuler la fougue. Comme l'incendie au Portugal qui a brûlé comme des merguez ces petits êtres insignifiants dans leurs activités insignifiantes. De la fougue pour annuler la fougue. Une force négative proportionelle à la force positive : et les deux s'annulent, le néant, comme une équation réduite à zéro.

« Fauchage tardif... Pourquoi que je faucherais après les autres, moi ? On vient me dire que j'ai fauché le petit champ. Le gars de la ville qu'était venu au début de l'année. On avait dit fauchage tardif, qu'il me dit. Fauchage tardif, fauchage tardif, il est marrant lui, avec le soleil qu'il y a eu depuis mai c'est pas du foin qu'on aurait eu, c'est des cendres ! Et puis nous on a toujours été les premiers à faucher avant les autres, nous. Fauchage tardif. Il a dit qu'il récupèrerait l'argent. Je lui dit tu reprendras ton panneau avec, va ! J'ai dû prendre la carabine pour qu'il foute le camp. Ton chèque, tu peux te le mettre là, que je lui ai dit. Fauchage tardif. »

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« La saison on a déjà vu ça dix mille fois genre merci c'est trop original. Mais elle m'avait ruiné le truc que genre le mec il avait déjà tout lu en secret et que du coup il y a trop plus de suspense. Je suis dégoûtée. Le nouveau gars qui vient d'arriver dans l'épisode c'est marrant il ressemble au mec que j'ai rencontré qui m'a parlé l'autre jour. Il était pressé ah putain je suis dégoutée il y a encore des mecs qu'ont dégueulassé les chiottes ça me saoule ce boulot. Tiens d'ailleurs des cyclistes, comment ils doivent avoir trop chaud. Ils sont passé vite je les ai pas vus passer. Le mec l'autre fois il était pas si pressé je crois qu'il m'appréciait genre il m'a demandé des tas de trucs sur le boulot et après il voulait savoir par où aller à Segré du coup j'ai regardé la carte mais il en avait une aussi. Il me posait plein de questions, je lui répondais. Comme je me fais trop chier ici on a parlé quoi. Allez on a juste parlé, mais après je me suis dit un truc trop con, j'ai pensé à ça direct comme un flash : que genre à la plage il va avoir l'air trop l'air con avec ses coups de soleil! … ! … ! et puis il est parti. »

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« Ils sont drôles ceux là ! Ils se croient au Tour ou quoi ? En même temps je me suis déjà dit aussi en roulant la rue de Maingue qu'on croirait une arrivée d'étape. Surtout depuis qu'ils ont refait l'enrobé c'est un vrai billard. Et puis tu plonges vers l'Oudon alors qu'avant tu te tapais les coups de cul de la route de Louvaines qu'est bien casse-pattes, là d'un coup tu prends le frais, tu sais que t'es arrivé -mais pas sûr du tout que ces deux zouaves là ils soient du coin, je les aurait déjà vus sur leurs vélos de clochards- et après c'est la quille, la douche et la bière. Qu'est ce que j'aime me taper une bière fraiche après avoir roulé. En tous cas les gars je sais pas d'où ils viennent mais ils ont l'air de bien se marrer à faire les cons comme ça sur leur vélos. Vu comment ils sont rouges, avec la chaleur, rouler aujourd'hui c'est un peu de la folie, ils ont dû bien se dépasser comme on dit. C'est bizarre cette expression, quand on dit se dépasser. Dans le boulot je vois bien, tu dépasses des objectifs de vente ou ce genre de truc. Mais quand on dit se dépasser pour du sport, on se demande comment on peut se dépasser ? C'est-à-dire que, si je me dépasse, est-ce que je suis devant, ou derrière moi, ou les deux? Faudra que j'en parle au frangin ça, tiens. »

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« Il faisait un soleil pas possible aujourd'hui... qu'est-ce qu'il faisait chaud putain... on est allé se baigner à l'étang à Pouancé... A cause du soleil... Ah oui la Mayenne tiens j'y suis allé que pour la pêche... quel putain de cagnard... la Mayenne c'est bien pour la pêche... les chiennes aussi, mais elle se sont baignées dans l'Oudon... c'était où votre coin sur la Mayenne, vers le Ribouet ?... ah ouais merci mais pas maintenant la bière ... l'Oudon c'est sale je m'y baignerai pas... mais les chiennes aussi souffrent. »

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dimanche 12 février 2017

Musique populaire

"Le black metal sud-mayennais est un style tout à fait authentique, cristallisant les particularités identitaires de la région. Ouvertement contemplatif et romantique, ce métal noir et souvent assez expérimental, voir littéraire, est taillé sur mesure pour ceux qui aiment s'asseoir et regarder autour d'eux, admirer la beauté des forêts mayennaises et la douceur de ses mœurs, tout en nourrissant un amour sans borne pour la liberté absolue et les traditions populaires, mélange de culture rurale, terrienne, et prolétaire, liée aux exploitations d'ardoise et de fer qui ont déterminé ici une solidarité ouvrière tenace."

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