Génèse de Guillaume-bite

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Après avoir avalé un café au comptoir, j'ai soudain un besoin impérieux de vérités tangibles sur le monde d'aujourd'hui. Je me mets donc à courir fissa à la Fnac, et ce malgré la pluie.
Au rayon papeterie, qui a remplacé le secteur "chanson française" au sous-sol, mon regard erre sur les feuilles de bloc-notes généreusement mises à disposition des clients pour essayer leurs futurs crayons et stylos. Trois d'entre elles me sautent aux yeux et je reste interloqué devant ce qui va certainement devenir une découverte majeure dans la série "Du papier plus que des octets" chère à micr0lab.
En effet, je viens de mettre au jour un authentique et magnifique autoportrait minute adolescent en triptyque de la période contemporaine tendance actuelle.
Sur le premier des ces inestimables feuillets, le prénom "Guillaume" se construit en quatre étapes après deux balbutiements qui témoignent d'un langage en formation ("GUI" puis "Guill"), un simple nom empreint d'humilité dans son encre bleue renvoyant à la période intra-utérine. Le trait est ensuite appuyé, affirmé, les lettres enflent. Les limites du stylo étant atteintes, le nom est souligné d'une saillie rouge révélant une précoce aptitude à la représentation symbolique de l'éréthisme qui sera complétée dans une ultime étape : une bite.
Guillaume est une bite, il EST ontologiquement bite, il agit bite, il pulse bite comme le prouve en creux cette sentence lapidaire ("Je ne pense pas") inscrite au milieu de traits enfiévrés, biffures féroces, chorées extatiques, fulgurantes transcriptions de la branlette de Guillaume-bite, de ses émissions nocturnes et de ses poussées de poils. Il est à noter que seule la bite est identifiable au milieu de ce bouillonnement (avec aussi quelques occurrences du prénom lui-même). Elle représente la permanence et la stabilité comme l'induit sa reproduction centrale typique d'un homonculus prépubère.
Après ce climax cathartique, c'est l'angoisse de la castration qui hante le troisième feuillet d'un dépouillement presque mystique. La bite veut occuper tout l'espace, tout Guillaume, dans une tumescence proche du totem. L'écriture extériorisée, celle qui s'oppose à la parole divine, est balayée. Un mot est ébauché puis rayé frénétiquement par une insatisfaction existentielle bien de son âge corollaire d'un ego grandissant dans le péché et le soda bon marché. On peut remarquer aussi quelques excretas tortueux persistant dans le pressentiment du vide, c'est-à-dire la feuille blanche de la vie, bien sûr.
En conclusion, je voudrais exprimer mon indignation devant les dégradations puériles de ces pièces précieuses auxquelles se sont livrés des vandales anonymes glissés parmi les clients de la Fnac. Heureusement, grâce aux fonds levés auprès de mécènes albanais, une campagne de restauration intégrale sera bientôt entreprise et la grandiose beauté de ces feuillets sera de nouveau offerte aux yeux du public.

Commentaires

1. Le jeudi 27 novembre 2014, 11:51 par tcrxt

J’attends avec impatience que soient exhumés et examinés les fameux feuillets de la période « PD ».
Bientôt chez micr0lab?

2. Le samedi 29 novembre 2014, 12:23 par Pier amateur

du grand Art,
de la FNAC à la FIAC

3. Le dimanche 30 novembre 2014, 22:55 par Jean-François Magre

Si des mécènes calabrais répondent à l'appel vibrant (sous forme de sextoy), il y aura bien entendu une suite car d'autres feuillets tout aussi fondamentaux ont été récemment découverts dans cette même FNAC. Ils couvrent plusieurs grandes époques : "Coucou" ; "Couilles 89" ; "Je ne suis pas un hero" ; "Les sociétés coloniales bonjour" et "Stabylo Stabylo Stabylo". L'époque "PD" est pour l'instant, hélas, manquante. Mais si des mécènes macédoniens...

4. Le mercredi 3 décembre 2014, 12:10 par Guillaume

Bravo !

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