... ou comment le grotesque s'insère sans vergogne dans une offre
promotionnelle pourtant bien alléchante ; qui ne peut résister à la
qualité des soupes de la marque, en premier lieu, et surtout de sa gamme
minceur aux qualités gustatives sans pareilles, ne peut encore moins ne pas
être séduit par ces philanthropiques propositions de Loisir.
Ah, le loisir plein tarif individuel...
Dès le premier coup d’œil sur l'offre, c'est cette invisible légende que je
cherche : est ce que je pourrais, après m'être délecté de ma soupe, me
plonger avec ravissement dans les délices du Loisir consumériste?
Manifestement non. Ni le bowling -qui m'ennuie assez vite-, ni le mini-golf
-trop modeste à mon goût : ne suis-je donc qu'un mini-consommateur de
soupe?- ne me séduisent. Encore moins l'étrange spectacle Pinder, qui
me parait définir ce que l'on appelait autrefois communément du "Cirque" :
je n'ai pas d'enfants à y emmener, les clowns et les animaux en cage me
dépriment. Mais pourquoi Spectacle Pinder au lieu de Cirque ? Le
spectacle "Cirque" serait il désormais copyrighté, tout comme la marque de
soupe ? Si le Pinder du spectacle Pinder -qui n'est peut être qu'un vil
cousin imposteur, incapable de donner à son public les authentiques joies
circassiennes, d'ou de légitime dépot du cirque comme marque par les Vrais
Circassiens, afin de conserver la tradition du VRAI spectacle de cirque,
permettre au consommateur de cirque de trier le bon grain de l'ivraie, le Vrai
Cirque de ses ridicules et contrefaits ersatz-, donc, si le Pinder ici évoqué
était le véritable Pinder, apposerait-il après le mot cirque le petit R entouré
du Copyright? Il faut mener l'enquête, trop de questions restent en
suspens.
A priori, le Loisir selon la marque de soupe est un loisir de pauvre.
Note d'Etude : Le Capitalisme (au sens large : entreprises de
commerce modernes, rationalisation intéressé des services, des idées, de
l'information etc...) est un producteur de Monde (au sens large également)
souvent très inventif. Nous sommes ici en présence d'un aveu involontaire de
Monde, d'un cas tout à fait étonnant car peu raffiné -on nous a depuis
longtemps habitué à mieux- d'association d'un mot à un concept, apparemment
flou, mais partagé en les têtes malgré sa nébulosité, mot-concept-flou-et-utile
qui permet d'alimenter la machine à produire du Monde. (A propos de Monde, voir
l'article Tentative de note sur
Monde, et tous les articles de la catégorie Catégorie) Le
Capitalisme a besoin de ce concept de Loisir : celui ci s'articule avec
d'autres concepts nébuleux mais omniprésents que sont Travail, Vacances,
Divertissement... et rend supportable au sujet son avilissement par le système.
Croire qu'on sera le seul à jouir du mini-golf, pendant ses vacances, ou il
faut consommer à tout prix et le plus possible, en famille ou entre amis, avant
de retourner au travail, qui sera dès lors le lieu ou toutes les pensées non
happées par le travail seront dirigés vers le nouveau temps de loisir, et donc
seront également partie pleine et entière du système bien huilé d'avilissement
Capitaliste, dont ce jeu Travail/Loisir constitue sans doute un des rouages
essentiels.
Epilogue : je n'ai pas acheté la soupe, car mes pratiques de Loisir ne
paraissent pas figurer dans le catalogue des loisirs de la marque de soupe. Je
suis peut être trop pessimiste, car tous les espoirs, toutes les promesses sont
contenus dans le etc... (Poney, Ski nautique, baptême de plongée,
d’hélicoptère, de voiture de course -moyennant un supplément et dans la limite
des stocks disponibles-) Tout cela mérite un éclaircissement écrit auprès du
Service Con-Sommation de la marque ; celui ci doit d'ailleurs être
littéralement submergé par les appels et les questions anxieuses d'acheteurs
fidèles ou potentiels -comme moi-, angoissés à l'idée de ne pas pratiquer les
loisirs référencés, de ne pas pouvoir manger de soupe, de ne pas être comme
tout le monde, ou pire, seulement pas représentatif...
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